Jeudi 21/11/2024

Atelier Soleils d'Encre

Soleils d'Encre
 

Une brève histoire du livre...

L'histoire du livre est celle d'une suite d'innovations technologiques qui ont permis d'améliorer la qualité de conservation du texte et l'accès à l'information, la portabilité et le coût de production. Cette histoire est intimement liée aux contingences politiques et économiques, à l'histoire des idées et des religions.

 

 
 
 

Origines et Antiquité

Premiers supports


L'écriture est la condition de l'existence du texte et du livre. C'est un système de signes linguistiques permettant de transmettre et de conserver des notions abstraites. L'écriture semble s'être élaborée entre le IXe et le IVe millénaire av. J.-C., d'abord sous la forme d'images qui sont devenues des ensembles pictographiques par simplification. De là sont nés ensuite les idéogrammes, puis les signes phonétiques symbolisant des sons (syllabes ou lettres).

Mais le livre est également lié à son support, à la volonté humaine de donner une matérialité durable à un texte. La pierre pourrait être le plus ancien support de l'écriture. Mais c'est le bois qui serait le premier véritable support livresque. Les mots biblos et liber ont d'ailleurs pour premier sens écorce intérieure d'un arbre. En chinois, l'idéogramme du livre est à l'image de tablettes de bambou. On a trouvé également des tablettes de bois dans l'île de Pâques.On trouve ensuite des tablettes d'argile utilisées en Mésopotamie au IIIe millénaire av. J.-C. Le calame, un instrument en forme de triangle sert à imprimer des caractères dans l'argile encore molle. C'est l'écriture des Assyriens et des Sumériens, en forme de coins, d'où le nom d'écriture cunéiforme. Les tablettes étaient cuites pour être solidifiées. À Ninive, 22 000 tablettes ont été retrouvées, datant du VIIe siècle av. J.-C. ; c'est la bibliothèque des rois d'Assyrie, qui disposaient d'ateliers de copistes et de lieux de conservation. Cela suppose une organisation autour du livre, une réflexion sur la conservation, le classement, etc.


La soie, en Chine, fut aussi un support de l'écriture. On écrivait à l'aide de pinceaux. Bien d'autres supports furent utilisés : os, bronze, poterie, écaille, etc. En Inde, par exemple, on utilisa des feuilles de palmier séchées. Tous les matériaux qui permettent de conserver et de transmettre un texte sont donc susceptibles de devenir des livres. Dans ce cas, le corps humain pourrait être aussi considéré comme un livre, avec le tatouage, et si l'on admet que la mémoire humaine se développe ou se transforme avec l'apparition de l'écriture, il n'est peut-être pas absurde de penser que cette faculté fait de l'homme un livre vivant (cette idée est illustrée par Ray Bradbury dans Fahrenheit 451, Peter Greenaway dans The Pillow Book).

Le papyrus

 Les tablettes ont été remplacées par des volumina (pluriel de volumen), rouleaux de papyrus, plus légers et plus faciles à transporter. Ce sont les principaux supports de l'Antiquité, en Égypte, en Grèce et à Rome.Après avoir extrait la moelle des tiges, une suite d'opérations (humidification, pressage, séchage, collage, découpage) permettait d'obtenir des supports de qualité variable, les meilleurs étant utilisés pour les écritures sacrées. On écrivait avec un calame (tige de roseau taillée en pointe) ou avec des plumes d'oiseau. L'écriture des scribes égyptiens est appelée hiératique, ou écriture sacerdotale ; ce n'est pas l'écriture hiéroglyphique, mais une forme simplifiée, plus adaptée à l'écriture manuscrite (les hiéroglyphes étant généralement gravés ou peints).

Le livre en papyrus a une forme de rouleau, collage de plusieurs feuilles atteignant les 10 mètres. Certains livres dépassent les 40 mètres (chronique du règne de Ramsès III). Il se déroule de manière horizontale ; le texte est d'un seul côté, disposé en colonnes. Le titre était indiqué par une étiquette liée au cylindre pour enrouler le livre. Les livres en papyrus que nous avons viennent de tombeaux où on déposait des prières et des textes sacrés (Livre des morts, début du IIe millénaire av. J.-C.).
Ces exemples nous montrent que le développement du livre, sous son aspect matériel et en apparence extérieur, est dépendant d'un contenu structuré par des valeurs politiques (histoire des pharaons) et religieuses (croyance à un au-delà). L'influence particulière donnée à l'écriture et aux mots a peut-être motivé la recherche de moyens de conservations des textes. Ces influences politiques et culturelles sur l'histoire du livre seront encore illustrées plus loin.

Le parchemin

Progressivement le parchemin remplaça le papyrus. La légende attribue son invention à Eumène II, roi de Pergame, d'où le nom de pergamineum qui a donné parchemin. Sa production commence vers le IIIe siècle av. J.-C. Réalisé à partir de peaux animales (mouton, veau, âne, antilope, etc.), il permet une meilleure conservation dans le temps ; plus solide, il permettait aussi d'effacer le texte (Palimpseste). C'était un support très cher, à cause de la rareté de la matière et du temps de préparation.

Grèce et Rome

Le rouleau de papyrus s'appelle volumen en latin, mot qui signifie mouvement circulaire, enroulement, spirale, tourbillon, révolution et enfin, rouleau de feuilles écrites, manuscrit roulé, livre.

Les Romains utilisaient aussi des tablettes de bois, enduites de cire où l'on pouvait imprimer et effacer des signes à l'aide d'un stylet, dont une extrémité était une pointe et l'autre une sphère. Ces tablettes de cire pouvaient être assemblées sous une forme proche du codex. Elles servaient par exemple pour apprendre l'écriture aux enfants (selon les méthodes évoquées par Quintilien dans ses Institutions Oratoires).

Le volumen est enroulé autour de deux axes verticaux en bois. Il ne permet qu'un usage séquentiel : on est obligé de lire le texte dans l'ordre où il est écrit et il est impossible de poser un repère pour accéder directement à un endroit précis. Il est comparable à nos vidéo-cassettes. Mais le lecteur a en outre les deux mains occupées à tenir les axes verticaux et ne peut donc pas écrire en même temps qu'il lit. Les seuls volumen encore en usage de nos jours sont les rouleaux de la Torah, dans les synagogues.


Culture du livre


Les auteurs de l'Antiquité n'avaient aucun droit sur leurs oeuvres publiées ; il n'y avait ni droits d'auteurs ni droits d'éditeurs. Chacun pouvait faire recopier un livre, et même en modifier le contenu. Les éditeurs gagnaient de l'argent et les auteurs y gagnaient surtout de la gloire : le livre rend son auteur immortel. Cela tient à la conception traditionnelle de la culture : un auteur se conforme à des modèles, qu'il imite en s'efforçant de les améliorer. Le statut de l'auteur n'est pas perçu comme un statut absolument personnel.

D'un point de vue politique et religieux, les livres furent très tôt censurés : ceux de Protagoras furent ainsi brûlés, parce qu'il niait que l'on pût savoir si les dieux existent. D'une manière générale, les conflits culturels entraînèrent d'importantes destructions de livres : en 303, l'empereur Dioclétien ordonnait de faire brûler les livres chrétiens ; et les chrétiens, à leur tour, détruisirent des bibliothèques. Ces pratiques sont courantes dans toute l'histoire de l'humanité. On voit quel peut être l'enjeu de ces luttes autour du livre : il s'agit de faire disparaître toute trace des idées de l'adversaire et de le priver ainsi de la postérité ou de l'immortalité qui faisait partie du sens de son oeuvre. On frappe donc violemment un auteur quand on s'attaque à ses oeuvres : c'est une forme de violence qui a peut-être plus d'efficacité que la violence physique.

Mais il y a aussi une forme de censure moins visible, mais tout aussi efficace, dans la mesure où le livre est réservé à une élite ; le livre n'est pas à l'origine un support de la liberté d'expression. Il peut servir à conforter les valeurs d'un système politique, comme à l'époque d'Auguste, empereur qui réunit habilement de grands écrivains autour de lui : c'est un bon exemple antique du contrôle d'un média par le pouvoir politique.
 
Diffusion et conservation du livre en Grèce

Nous n'avons pas beaucoup de renseignements concernant les livres en Grèce classique. Certains vases (VIe et Ve siècles av. J.-C.) représentent des volumina. Il n'y avait sans doute pas de commerce étendu du livre, mais il existait quelques emplacements consacrés à la vente.

La diffusion, la conservation et la réflexion sur le catalogage du livre et la critique littéraire se développent pendant la période hellénistique avec la création de grandes bibliothèques, répondant à un désir encyclopédique que l'on trouve déjà par exemple chez Aristote et sans doute aussi pour répondre à des raisons de prestige politique :

    * à Alexandrie, bibliothèque créée par Ptolémée Sôter et constituée par Démétrios de Phalère. Elle aurait contenu 500 000 volumes (dans la partie du Museion) et 40 000 au temple de Sérapis (Sérapeion). Le Museion est détruit partiellement en 47 av. JC. (voir bibliothèque d'Alexandrie).

    * à Pergame, fondée par Attale Ier ; elle contenait 200 000 volumes qui furent déplacés au Sérapeion par Marc-Antoine et Cléopâtre, après la destruction du Museion. Le Sérapéion fut ensuite détruit en partie en 391 apr. J.-C. par les chrétiens, et les derniers livres disparaissent en 641 avec la conquête arabe.
    * à Athènes, le Ptolemaion, qui prit de l'importance à la suite de la destruction de la bibliothèque d'Alexandrie ; la bibliothèque du Pantainos, vers 100 apr. J.-C. ; la bibliothèque d'Hadrien, en 132 apr. J.-C.
    * à Rhodes, une bibliothèque tentant de rivaliser avec Alexandrie.
    * à Antioche, une bibliothèque publique dont Euphorion de Chalcis fut directeur à la fin du IIIe siècle.

Les bibliothèques avaient des ateliers de copistes et l'organisation générale des livres permettait d'assurer les fonctions suivantes :

    * Conservation d'un exemplaire de chaque livre ;
    * Traduction (Bible des Septantes par exemple) ;
    * Critique littéraire pour établir les textes de référence pour la copie (exemple : L'Iliade et L'Odyssée) ;
    * Constitution de catalogues de livres ;
    * La copie elle-même qui permettait de diffuser les livres.

Le développement de l'édition à Rome

L'édition du livre se développe à Rome au Ier siècle av. J.-C. avec la littérature latine influencée par l'hellénisme. Cette diffusion concerne surtout des cercles de lettrés. Ainsi Atticus est-il l'éditeur de son ami Cicéron. Mais le commerce du livre s'étend progressivement à tout l'Empire romain : il y a par exemple des libraires à Lyon. Le livre se diffuse donc grâce à l'extension de l'Empire qui implique l'imposition de la langue latine à un grand nombre de peuples (en Espagne, en Afrique, etc.).

Les bibliothèques sont privées ou créées à l'instigation d'individus. Jules César voulait par exemple en créer une à Rome : on voit là encore que la bibliothèque est un instrument de prestige politique.

En l'an 377, il y avait à Rome 28 bibliothèques, et on sait qu'il existait aussi de nombreuses petites bibliothèques dans d'autres villes. Malgré cette grande diffusion du livre, nous n'avons pas une idée très complète de l'activité littéraire dans l'Antiquité car des milliers de livres ont été perdus.

Moyen Âge


À la fin de l'Antiquité (entre les IIe et IVe siècles), le codex, qui apparaît dans les premières communautés chrétiennes d'Afrique de l'Est, notamment la communauté copte, va remplacer le volumen. Le livre n'est plus un rouleau continu, mais un ensemble de feuillets reliés au dos. Il devient alors possible d'accéder directement à un endroit précis du texte. Le codex est également plus facile à poser sur une table, ce qui permet au lecteur de prendre des notes en même temps qu'il lit. La forme codex s'améliore avec la séparation des mots, les majuscules et la ponctuation, qui permettent une lecture silencieuse, puis avec les tables des matières et les index, qui facilitent l'accès direct à l'information.
Cette forme est tellement efficace, qu'elle est encore celle du livre, plus de 1500 ans après son apparition.

Le papier remplacera ensuite progressivement le parchemin. Moins cher à produire, il permet une diffusion plus large du livre.

Le livre dans les monastères

De nombreux livres chrétiens furent détruits par ordre de Dioclétien en 304. Pendant les périodes agitées des invasions, ce sont les monastères qui vont conserver pour l'Occident les textes religieux et certaines oeuvres de l'Antiquité. Mais il y aura aussi à Byzance d'importants centres de copie.

Le rôle des monastères dans la conservation des livres n'est pas sans ambiguïté :

    * la lecture était une activité importante dans la vie des religieux, qui se divisait en prière, travail intellectuel et travail manuel (dans l'ordre des bénédictins par exemple). Il était donc nécessaire de faire des copies de certaines oeuvres. Il y avait ainsi des scriptoria (pluriel de scriptorium) dans beaucoup de monastères, où l'on copiait et décorait les manuscrits qui étaient conservés dans des armoires.

    * mais, contrairement à une idée reçue, la conservation des livres n'avait pas toujours pour finalité de conserver la culture ancienne : il s'agissait surtout de comprendre les textes religieux, avec l'aide du savoir antique. Certaines oeuvres ne furent donc pas recopiées, jugées trop dangereuses pour les moines. En outre, par besoin de support, les moines grattaient les manuscrits, détruisant ainsi des oeuvres anciennes. La transmission du savoir était donc surtout centrée sur les textes sacrés.

Malgré cette ambiguïté, il reste que les monastères en Occident et l'empire d'Orient ont permis la conservation d'un certain nombre d'oeuvres profanes, puisque des bibliothèques furent créées : par Cassiodore (Vivarium en Calabre, vers 550) ; ou par l'empereur Constantin Ier à Constantinople. Il y avait donc de nombreuses bibliothèques, mais la survie des livres dépendait souvent de luttes politiques et idéologiques, qui entraînèrent parfois des destructions massives ou des troubles graves dans l'édition (dispersion des livres, par exemple, pendant la querelle des iconoclastes entre 730 et 840).

Le scriptorium


C'est le lieu de travail des moines copistes : les livres y sont copiés, décorés, reliés et conservés. L'armarius dirigeait les travaux et occupait la fonction de bibliothécaire.


Le rôle de copiste avait plusieurs dimensions : par exemple, grâce à ce travail des oeuvres circulaient d'un monastère à un autre ; la copie permettait aussi aux moines d'apprendre les oeuvres et de perfectionner leur apprentissage religieux. En effet, ce travail laborieux faisait de la lecture du livre en même temps une écriture appropriative au service de Dieu. Le rapport au livre se définissait donc d'après le rapport intellectuel à Dieu. Mais si ces copies étaient parfois faites pour les moines eux-mêmes, il y avait aussi des copies sur commande.

La copie en elle-même comportait plusieurs phases : préparation du manuscrit sous forme de cahiers unis une fois le travail achevé, présentation des pages, copie proprement dite, révision, correction des fautes, décoration et reliure. Le livre demandait donc des compétences variées, ce qui fait souvent d'un manuscrit une oeuvre collective.
 
Transformation de l'édition du livre au XIIe siècle


Le renouveau des villes en Europe va changer les conditions de production du livre et étendre son influence, et la période monastique du livre va prendre fin. Ce renouveau accompagne la renaissance intellectuelle de l'époque. C'est en effet autour des premières universités que se développent de nouvelles structures de production : des manuscrits de référence servaient ainsi aux étudiants et aux professeurs pour l'enseignement de la théologie et des arts libéraux. Le développement du commerce et de la bourgeoisie entraîna également une demande de textes spécialisés ou non (droit, histoire, romans, etc.). Et c'est à cette époque que se développent les lettres en langue vulgaire (poésie courtoise, romans, etc.). Le métier de libraire prit en conséquence une importance de plus en plus grande.

Il y eut également des créations de bibliothèques royales ; par saint Louis et Charles V par exemple. Des livres sont également rassemblés dans des bibliothèques privées, qui prendront une très grande ampleur au XIVe et XVe siècles.
 
C'est au XIVe siècle que se diffuse en Europe l'utilisation du papier. Ce support, moins cher que le parchemin, est venu de Chine par l'intermédiaire de la culture arabe (XIe et XIIe siècles en Espagne). Il servit surtout pour des éditions commodes, alors que le parchemin servit pour des éditions luxueuses.
 
Le livre en Orient

Chine


Le livre (sur os, écailles, bois et soie) existe en Chine depuis le IIe millénaire av. J.-C. Le papier y fut inventé vers le Ier siècle. La découverte du procédé à base d'écorce de mûrier est attribuée à Ts'ai Louen, mais elle est peut-être plus ancienne. On reproduisait des textes à l'aide de sceaux gravés en relief. Au XIe siècle, un forgeron, Pi Cheng, inventa les caractères mobiles, mais cette technique fut peu employée, peut-être à cause de la qualité inadéquate de l'encre. Les Ouïgours, peuple du Turkestan, utilisèrent également cette technique.
 
Nous connaissons plusieurs formes de livres en Chine : les livres en rouleau, la gravure sur bois, le collage de feuilles par la tranche,...
 
Civilisation arabe

Les Arabes apprirent au VIIIe siècle la fabrication du papier des Chinois et la firent connaître en Europe. Ils constituèrent d'impressionnantes bibliothèques, dignes de leur grande culture. Ce sont les Arabes qui transmirent une importante partie des oeuvres grecques en Europe.
On en trouve un exemple avec la redécouverte des oeuvres d'Aristote commentées par Avicenne, redécouverte qui donna lieu à de fortes disputes livresques entre Thomas d'Aquin et Siger de Brabant.

Époque moderne


L'élaboration des techniques de l'imprimerie par Gutenberg vers 1440 marque ce qu'on a considéré comme une véritable révolution du livre, qui est désormais reproduit à de nombreux exemplaires, mais reste à l'échelle artisanale. Le livre n'est plus un objet unique, écrit ou reproduit à la demande. L'édition d'un livre devient une entreprise, nécessitant des capitaux pour sa réalisation et un marché pour sa diffusion. En contrepartie, le coût de chaque exemplaire baisse très fortement, ce qui augmente considérablement la diffusion du livre.

Le livre de forme codex et imprimé sur papier, tel que nous le connaissons aujourd'hui, date donc de la fin du XVe siècle. Les livres imprimés avant le 1 janvier 1501 sont appelés incunables.

Époque contemporaine

L'introduction de presses à imprimer fonctionnant à la vapeur un peu après 1820 et ensuite les nouveaux moulins à papier fonctionnant aussi à la vapeur constituent les seules innovations majeures depuis le XVe siècle. Ensemble, elles ont fait chuter le prix des livres et augmenter grandement leur nombre. Des éléments bibliographiques nombreux, comme le positionnement et la formulation des titres et des sous-titres, ont aussi été affectés par cette nouvelle production en série. De nouveaux types de documents apparaissent plus tard au XIXe siècle : photographie, enregistrements sonores et cinéma.

La rupture se produit dans les années 1990. La généralisation du codage numérique multimédia, qui code sous une forme unique et simple (0 ou 1) des textes, images fixes, images animées et sons est une invention sans doute aussi considérable que celle de l'écriture. L'hypertexte améliore encore l'accès à l'information. Enfin, l'Internet fait baisser les coûts de production et de diffusion, comme l'imprimerie à la fin du Moyen Âge.

Il est difficile de prédire l'avenir du livre. Une part importante de l'information de référence, destinée à un accès direct et non à une lecture séquentielle, comme par exemple les encyclopédies, existe de moins en moins sous forme de livre et de plus en plus sous forme de site web. Le texte se sépare de son support. Pourtant les livres électroniques, ou e-books, n'ont pour l'instant pas connu un grand succès. On peut penser que la forme codex a encore un long avenir pour tout ce qui nécessite une lecture séquentielle, ou qui est autant un bel objet qu'un support d'information : les romans, les essais, les bandes dessinées ou les livres d'art.

Bibliographie :

    * Svend Dahl, Histoire du livre de l'Antiquité à nos jours, 3e éd., Lamarre-Poinat, Paris, 1967.
    * Nicolas Grimal, Histoire de l'Égypte ancienne, Librairie générale française, Paris, 1994. ISBN 2-253-06547-1.
    * Paul Faure et Marie-Jeanne Gaignerot, Guide grec antique, 3e éd., Hachette, Paris, 1996. ISBN 2-01-017390-2.
    * Les Trois Révolutions du livre, [catalogue d'une exposition au Conservatoire national des arts et métiers, 2002-2003], Imprimerie nationale, Musée des arts et métiers, Paris, 2002. ISBN 2-743304-69-3 (Imprimerie nationale) et ISBN 2-908207-79-6 (Musée des arts et métiers).
    * Le Livre et l'historien : études offertes en l'honneur du professeur Henri-Jean Martin, réunies par Frédéric Barbier, Annie Parent-Charon, François Dupuigrenet-Desroussilles, etc., Droz, Genève, 1997. ISBN 2-600-00198-0.
    * Jef Tombeur, Femmes et métiers du Livre : pays anglophones et francophones européens, Convention typographique, Paris ; Talus d'approche, Soignies, 2004. ISBN 2-9517971-2-5 (Convention typographique) et ISBN 2-87246-099-3 (Talus d'approche).
    * Frédéric Barbier, Histoire du livre, Armand Colin, Paris, 2001. 2e éd., 2006 (ISBN 2-200-34711-1).
    *The Archaeology of Medieval Bookbinding, de J. A. Szirmai, ISBN 978-0859679046, 1999